Redshift

Une matinée ordinaire à Paris. Trafic monstre sur le périphérique, enfants en retard à l’école, chef de chantier mal luné… Petra, du haut de sa grue, survole tous ces problèmes à deux cents mètres de hauteur en sirotant son café.

Mais lorsque la gravité commence à donner des signes de faiblesse, elle n’a plus qu’une pensée : sauver sa femme et ses enfants, coincés au coeur du redshift.

Cette nouvelle est un peu une fusion instable entre le roman La Captive du Temps perdu de Vernor Vinge et le film 2012 de Roland Emmerich.

— Mais qu’est-ce que tu racontes, Petra ? explosa sa compagne. L’hélicoptère vient à peine de s’écraser et toi tu serais venue nous sauver à bord d’une… grue volante, comme ça, en claquant des doigts ?
Elle considéra Judith sans comprendre. Ce n’était pas l’accueil qu’elle espérait de la part de la femme qu’elle était venue sauver.
— L’hélicoptère s’est écrasé il y a une heure, tu veux dire.
— Petra, bon sang, il y a une heure, on dormait à poings fermés dans notre lit !
— Non… Il y a une heure, j’étais avec Boniface en train de préparer la grue.
— Mais putain, il est huit heures du matin ! Alors explique-moi comment ça se fait que tu ne sois pas sur ton chantier comme tous les jours depuis trois mois ?
Incrédule, la grutière regarda sa montre bracelet, un modèle résistant à la pression que Judith lui avait offert trois ans auparavant pour leur premier anniversaire.
Elle indiquait dix heures trente.

Extrait de la nouvelle