Archétype du conte en science-fiction, fantasy, fantastique

1. 2 secrets d’écrivain à connaître pour faire de ton histoire un succès

2. Star Wars et Harry Potter, le secret derrière le mythe

> 3. Détruire le mythe : la recette secrète qui rendra ton histoire audacieuse et créative

On l’a vu dans les articles précédents, il existe des schémas narratifs types et des personnages types – héros, mentor, princesse et dragon. Ils sont toujours là, toujours pareils, immuables quelles que soient les histoires que l’on lit, avec plus ou moins de subtilité et de variations.

De nombreux auteurs ont cherché à l’inverse à démonter ces archétypes, à les démystifier – c’est le mot – pour élaborer des histoires souvent étranges, parfois drôles, dans tous les cas pour produire un objet narratif différent et original.

Shrek, le conte parodique qui inverse les personnages

Prenons un exemple bien connu de destruction délibérée des archétypes du conte : le film Shrek.

Shrek, c’est le « dragon », le méchant type, incarné ici par un ogre. Il y a également une princesse, un chevalier, et plusieurs personnages secondaires, dont le plus important, l’âne, possède certains attributs du mentor. Ça, c’est la situation initiale de l’histoire.

Depuis fort, fort longtemps.

Là où ça devient amusant, c’est lorsque l’on se rend compte que le chevalier n’est pas le héros, mais le méchant, et que l’ogre n’est pas le méchant, mais le héros.

Et ça va encore se compliquer par la suite. D’une part parce que la princesse va aussi devenir héros à son tour en en prenant les attributs : Fiona sait se battre, a un comportement masculin parfois plus viril que le héros lui-même, sa situation initiale change et elle doit faire un choix héroïque.

Nobody puts baby in a corner.

D’autre part parce que la dragonne de l’histoire finit non pas tuée par le héros mais mariée avec le mentor (l’âne est d’ailleurs la « princesse » du dragon !) et qu’elle finit par tuer elle-même le méchant.

Cadeau de mariage.

Les auteurs de Shrek ont donc tout chamboulé, et se permettent de récidiver dans les épisodes suivants.

Dans le deuxième épisode, la Bonne marraine la fée n’est pas le mentor mais la méchante, et le prince Charmant, délicieusement stéréotypé, n’est pas le héros mais un acolyte du méchant.

Quant à Fiona, elle doit souvent endosser le rôle du héros et sauver « sa » princesse, c’est-à-dire Shrek.

Il faut dire aussi que la stupidité des hommes n’aide pas.

Shrek est un exemple caractérisé d’histoire où l’on a fait exprès de démonter les archétypes du conte, de les déstructurer, de les inverser, pour s’en moquer et en faire un objet comique et surprenant.

Des archétypes marqués au fer rouge dans notre cerveau

Lorsque tu écris une histoire de science-fiction, pense à ces archétypes, soit pour t’en servir de façon classique, soit pour les déstructurer – pas forcément de façon aussi radicale que Shrek, mais pourquoi pas – soit pour les transformer pour quelque chose de complètement différent.

La chose la plus importante à retenir, c’est que les archétypes narratifs permettent aux lecteurs de s’identifier au héros. Tes lecteurs les connaissent par coeur, parce que depuis le Petit Chaperon rouge, Cendrillon et Boucle d’Or, ces schémas narratifs sont ancrés dans leur subconscient. Ils se retrouvent en outre dans les religions et les grands mythes populaires.

Sans oublier Walt Disney.

Tes lecteurs ne les connaissent pas forcément nommément, mais ils les reconnaissent inconsciemment quel que soit le récit. Ils vont donc à chaque fois s’y rattacher, et ils sont pour cette raison un levier très puissant pour les embarquer dans une histoire.

Laisser une base solide au lecteur pour mieux retirer le tapis ensuite

Si tu souhaites déformer les archétypes classiques, tu devras t’appuyer dessus au départ avant de te mettre à les déformer par la suite. C’est paradoxal, mais c’est comme ça.

Loin d’être quelque chose d’ennuyeux, se reposer sur les structures classiques est au contraire très intéressant.

Pourquoi ? Parce que tu vas pouvoir proposer au fur et à mesure de l’intrigue des situations qui la feront diverger de la structure classique, de préférence au moment le plus inattendu, de façon à obtenir un puissant effet de contraste.

Ton objectif : surprendre tes lecteurs en inversant l’idée qu’ils se faisaient de ton histoire.

Dragon pas méchant. Dragon gentil. Toi compris ?

La structure classique du conte est donc une base idéale pour provoquer de puissants rebondissements et coups de théâtre.

Mélanger les personnages types pour déstructurer l’histoire

Imagine une histoire qui, à l’instar de Shrek, destructure les archétypes classiques. Le héros pourrait commettre quelque chose d’horrible peu après le début de l’histoire – par exemple, tuer la princesse – et endosserait alors le rôle du méchant.

Ou celui du mentor. Apparemment, ça le fait autant chier.

Au fur et à mesure de l’intrigue, on se rendrait compte qu’en réalité, le héros n’a rien commis de mal : c’est la princesse qui l’a trahi, car c’était elle, le « dragon ».

Nobody puts baby in a corner.

On pourrait enfin imaginer dans la même veine que le héros, suivant le schéma narratif classique, soit aidé par un mentor. Mais qu’à la fin de l’histoire, il sauve ce mentor et l’épouse.

Ou mieux, qu’il épouse le méchant.

Oui, le méchant. Si tu veux réveiller tes lecteurs, mon coco, il serait temps d’arrêter de te brider et de te mettre à leur balancer des seaux d’eau glacée à la figure. Et si tu penses que c’est impossible, je t’invite à te rappeler que c’est exactement ce que fait Ender Wiggin à la fin de La Stratégie Ender – la deuxième fin, celle dont personne ne se rappelle à moins de lire les suites.

Dans cette histoire imaginaire, on compte déjà trois situations qui décomposent la structure classique… et ce n’est là qu’un exemple de quelques lignes. On pourrait tout à fait répéter les boucles narratives dans cette histoire en y apportant de nouvelles déformations.

Maintenant que tu connais les règles, et que tu sais que ces règles, comme beaucoup d’autres, sont faites pour être dépassées, il ne te reste plus qu’à inventer tes propres variantes des schémas narratifs et à raconter une histoire à ta façon.

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1 Commentaire
  1. Ghaan Ima 4 ans Il y a

    Oui, il faut jouer avec la structure de Vogler ultra connue des lecteurs et même un peu dépassée dans le monde du scénario (des walking dead ou des GOT ne la respecte absolument et suivent un tout autre schéma narratif plus proche de mckee). Comme tu le disais, les lecteurs ont mangé du conte hollywoodien à toutes les sauces, ils sont las…
    L’exemple de shrek est très intéressant en cela qu’il brise le code de Vogler (normal, c’est un conte de fées pour se moquer des schémas de contes de fées) mais aussi parce qu’il respecte une règle simple et puissante: chaque personnage est le héros de sa propre histoire.
    Shrek VEUT qu’on lui fiche la paix.
    Fiona veut être indépendante et qu’on ne découvre pas son secret
    La dragonne veut trouver l’amour
    l’âne veut… Des amis et survivre
    Lol
    A ceci est associé des compétences et des défauts. Bref, ce sont les fiches personnages qui créent l’histoire et les surprises, meme si dans ce cas particulier, en effet, les scénaristes jouent avec les codes qu’ils connaissent tres bien (on est a hollywood apres tout 😉
    En vérité, je n’aime plus trop les structures, (plus car je les ai toutes ingurgités quand meme, lol) Rimbaud a appris des alexandrins avant d’écrire ses poemes en prose, en effet. Mais il faut se méfier des structures, elles brisent notre créativité et nous enferment dans des schémas préfabriqués.
    Au final la seule méthode d’écriture qui ne m’a pas décue, c’est celle qui consiste à se centrer sur les personnages. Créer des etres avec des conflits intérieurs (chercher un prince quand on a une tete d’ogresse la nuit) et sur leur volonté. Ainsi, on crée du sens et des rebondissements. Et je n’entrerai pas dans les histoires de cablage hardware de notre cerveau à utiliser les histoires pour comprendre les comportements des êtres qui l’entourent. On sort du scope lol.

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